Nepošteno i pristrasno
Une question d’”équilibre”
Kaznena ekspedicija izraelske vojske u Gazi obnovila je jednu veliku težnju savremenog novinarstva: pravo na lenjost. U profesionalnom žargonu ono se naziva „nepristrasnost“ (ekstremno desničarski američki TV kanal Fox News sebe opisuje, ne bez ironije, kao „fer i nepristrasan“).
L’expédition punitive de l’armée israélienne à Gaza a réactivé l’une des aspirations les plus spontanées du journalisme moderne : le droit à la paresse. En termes plus professionnels, on appelle cela l’« équilibre ». La chaîne de télévision américaine d’extrême droite Fox News se qualifie ainsi, non sans humour, de « juste et équilibrée » (fair and balanced ).
U ovom bliskoistočnom sukobu, gde krivica nije podjednaka, „nepristrasnost“ daje okupatorskoj sili prednost. Ona takođe omogućava zapadnjačkim novinarima da izbegnu gnev onih koji ne vole da čuju nezgodne činjenice, tako što će ih „suprotstaviti“ opravdanjima drugih komentatora. Ista zabrinutost za objektivnost, međutim, ne susreće se kod drugih međunarodnih kriza, kao što je Ukrajina. U svakom slučaju, prava objektivnost – između slika otegnutog pokolja u Gazi i upozorenja na raketni napad na plažu u Tel Avivu – zahteva blago podešavanje vage. Ako ni zbog čega drugog, onda zato što jedna strana – Izraelci – koristi profesionalne komunikatore, dok druga strana zapadnim medijima može da pokaže jedino patnju svojih civila.
Dans le cas du conflit au Proche-Orient, où les torts ne sont pas également partagés, l’« équilibre » revient à oublier qui est la puissance occupante. Mais, pour la plupart des journalistes occidentaux, c’est aussi un moyen de se protéger du fanatisme des destinataires d’une information dérangeante en faisant de celle-ci un point de vue aussitôt contesté. Outre qu’on n’observe pas ce même biais dans d’autres crises internationales, celle de l’Ukraine par exemple, le véritable équilibre souffre pour deux raisons. D’abord parce que, entre les images d’un carnage prolongé à Gaza et celles d’une alerte au tir de roquettes sur une plage de Tel-Aviv, une bonne balance devrait pencher un peu... Ensuite, parce que certains protagonistes, israéliens dans le cas d’espèce, disposent de communicants professionnels, tandis que d’autres n’ont à offrir aux médias occidentaux que le calvaire de leurs civils.
Ali izazivanje sažaljenja nije efikasno političko oružje; bolje je kontrolisati priču o tome što se događa. Decenijama nam govore da Izrael „odgovara“ ili „reaguje“. Uvek je to priča o maloj miroljubivoj državi, nezaštićenoj, bez ijednog moćnog saveznika, koja na kraju nakako uspeva da pobedi, ponekad bez ijedne ogrebotine. A sukob uvek počinje u trenutku kada se Izrael pojavljuje kao žrtva, šokiran nesrećom – otmicom, napadom, agresijom, atentatom. Jedan komentator će se sablažnjavati što se granatiraju civili, zatim će drugi reći da je izraelski „odgovor“ bio mnogo ubistveniji. Rezultat, jedan-jedan, ali igra i dalje teče.
Or inspirer la pitié ne constitue pas une arme politique efficace ; mieux vaut contrôler le récit des événements. Depuis des décennies, on nous explique donc qu’Israël « riposte » ou « réplique ». Ce petit Etat pacifique, mal protégé, sans allié puissant, parvient pourtant toujours à l’emporter, parfois sans une égratignure... Pour qu’un tel miracle s’accomplisse, chaque affrontement doit débuter au moment précis où Israël s’affiche en victime stupéfaite de la méchanceté qui l’accable (un enlèvement, un attentat, une agression, un assassinat). C’est sur ce terrain bien balisé que se déploie ensuite la doctrine de l’« équilibre ». L’un s’indignera de l’envoi de roquettes contre des populations civiles ; l’autre lui objectera que la « riposte » israélienne fut beaucoup plus meurtrière. Un crime de guerre partout, balle au centre, en somme.
A sve ostalo, sve što je važno, zaboravlja se: vojna okupacija Zapadne obale, ekonomska blokada Gaze, kolonizacija zemlje.[1] Televizija nema vremena da zalazi u detalje… Na primer, koliko ljudi zna da je Izrael, od Šestodnevnog rata do rata u Iraku – od 1967. do 2003 – odbio da postupi u skladu sa trećinom rezolucija koje je doneo Savet bezbednosti UN-a, često u vezi sa kolonizacijom palestinske zemlje? Prosto primirje u Gazi bi, dakle, značilo produženje priznatog kršenja međunarodnog prava.
Et ainsi on oublie le reste, c’est-à-dire l’essentiel : l’occupation militaire de la Cisjordanie, le blocus économique de Gaza, la colonisation croissante des terres. Car l’information continue ne semble jamais avoir assez de temps pour creuser ce genre de détails. Combien de ses plus gros consommateurs savent-ils, par exemple, qu’entre la guerre des six jours et celle d’Irak, soit entre 1967 et 2003, plus du tiers des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies ont été transgressées par un seul Etat, Israël, et que souvent elles concernaient... la colonisation de territoires palestiniens (1) ? Autant dire qu’un simple cessez-le-feu à Gaza reviendrait à perpétuer une violation reconnue du droit international.
Više ne možemo računati da će Francuska podsećati svet na tu činjenicu. Fransoa Oland je 9. juna izjavio da je dužnost izraelske vlade da „preduzme sve neophodne mere da zaštiti svoje građane od pretnji“, bez ijedne reči o palestinskim civilnim žrtvama. Tako je napustio svaku aproksimaciju nepristrasnosti i postao još jedan potrčko izraelske desnice.
On ne peut pas compter sur Paris pour le rappeler. En déclarant, le 9 juillet dernier, sans un mot pour les dizaines de victimes civiles palestiniennes, qu’il appartenait au gouvernement de Tel-Aviv de « prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces », M. François Hollande ne se soucie plus d’équilibre. Il est devenu le petit télégraphiste de la droite israélienne.
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